En tant que forme de pouvoir, les médias n’échappent pas à la défiance

« Au-delà des médias et de la presse, il y a une méfiance à l’égard de ce qui représente le pouvoir. Pour beaucoup, les médias représentent le pouvoir. Comme tout pouvoir, il n’échappe pas à la défiance d’une partie importante de la population. Nous sommes dans une société dans laquelle, depuis des années, les choix politiques ont privilégié la réussite individuelle à l’épanouissement collectif. Il y a une forme d’individualisme, et évidemment il n’y a pas que des gagnants dans cette « compétition » individuelle. Cela rend l’exclusion ou l’invisibilité d’autant plus violente, dans la presse comme dans les autres pouvoirs. Tant que, politiquement, on ne réfléchit pas à construire une société, un pays ou un continent avec plus de coopération et de collectivité dans nos politiques publiques, on continuera à avoir ce type de résultat dans les enquêtes. » Journaliste photographe. 

 

Les éditorialistes ont tendance à alimenter la méfiance des Français à l’égard des médias

« Je pense que la communication a un gros pouvoir sur la presse, notamment dans les chaînes d’information en continu avec effectivement ces éditorialistes qui viennent parler de tout et de rien, de tous les sujets, sans avoir de réelle expertise. Cela décrédibilise les médias et ça a tendance à alimenter la méfiance des Français à l’égard des médias. »  Journaliste pigiste.

 

On fait intervenir des gens qui ne se rendent plus compte de la réalité des autres

« Le fait que beaucoup de personnes se sentent éloignées des médias, qu’on ne parle pas d’elles et de leurs considérations, alimente le fait qu’on ne fasse pas confiance aux journalistes. De plus, faire intervenir des gens qui font partie du jeu médiatique et qui ont une vie complètement différente, qui pour certains ne se rendent plus compte de la réalité des autres, est un terreau de fracture qui a favorisé l’émergence des Gilets jaunes et de leur colère à l’égard de certains médias d’une part, et d’une méfiance plus généralisée dans l’opinion publique d’autre part. »  Journaliste pigiste.

 

L’usage important des réseaux sociaux permet de souligner la moindre erreur des journalistes

Je pense que la défiance trouve son origine dans plusieurs éléments : l’organisation des médias, leurs propriétaires et la construction des médias. En assemblant tout cela, nous pouvons apercevoir une certaine opacité sur le travail des médias. Par ailleurs, l’usage important des réseaux sociaux permet de souligner la moindre erreur des journalistes, qui peut ainsi être diffusée et reprise dans de nombreux médias. » Journaliste, Brut.

 

On observe la défiance partout et elle est en corrélation avec la montée en puissance de l’accès aux réseaux sociaux

« Le problème de la perte de confiance dans les médias n’a rien de spécifiquement français. On l’observe partout et en corrélation avec la montée en puissance de l’accès aux réseaux sociaux. Cela n’a donc rien à voir avec le mouvement des Gilets jaunes, qui, s’ils sont un indicateur particulièrement visible, n’en sont qu’un parmi d’autres, plus forts et plus anciens. » Journaliste, Nice Matin.

 

Le direct limite la peur du montage et diminue le sentiment de méfiance

« Les principaux retours que nous avons sur le terrain, quand on nous compare avec d’autres médias, c’est que nous sommes en direct pendant 10 ou 12 heures, il n’y a donc pas de coupure de propos. Le direct limite la peur du montage qu’ont les gens avec qui nous échangeons. Les personnes interviewées ont une réelle peur de ce qui va être retenu, coupé, il y a une réelle défiance vis-à-vis de cela. »  Journaliste, Brut.

 

« Les gens continuent de s’informer grâce aux médias malgré le manque de confiance. Il faut faire son métier au mieux, au maximum. » Journaliste,BFM.

 

La défiance est un mécanisme d’autodéfense

« La défiance est, selon moi, un mécanisme d’autodéfense logique : puisque personne n’est plus en mesure de tout montrer ou de tout éclairer, il y a forcément des choix qui sont faits et, tenant, des possibilités d’orientation volontaire de ces choix. Évidemment, cela relève de la peur davantage que de la preuve. »  Journaliste, Nice Matin.

 

Les journalistes ne sont pas de riches salauds vivant à Paris
« La défiance, je ne la comprends pas, dans le sens où les médias –comme les partis politiques- il y en a de gauche, de droite, d’extrême-gauche, d’extrême-droite, libéraux, pas libéraux. On ne peut pas agglomérer tous les médias en disant que les journalistes sont de riches salauds vivant à Paris. »
Journaliste 1, Mediapart

 

Le dialogue est nécessaire pour enrayer la défiance

« Il est nécessaire de mettre en place un dialogue entre la population et les journalistes pour enrayer cette défiance envers les médias, ou au moins pour l’apaiser. Beaucoup de gens se posent des questions, il est important de leur répondre, de leur expliquer. Cela peut peut- être passer par l’ouverture des rédactions ou par l’organisation de tables rondes. » Journaliste, Brut.

 

 

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