De quels milieux proviennent les journalistes ?

« Le décalage entre ce mouvement social et les journalistes pose la question du rôle des journalistes et surtout de qui ils sont : de quels milieux proviennent-ils ? Sont-ils assez formés et aptes à les comprendre ? Cette critique s’applique à nous tous et demande la correction d’un état de fait sociologique. On est tous plus ou moins issus de classes supérieures avec un capital culturel important et ce peut-être donc compliqué parfois de réellement comprendre ce qui se passe sous nos yeux. » Journaliste 1, Mediapart.

 

Je pense que des journalistes sont dans un monde très éloigné de celui des Gilets jaunes

« Je pense que des journalistes, par manque de terrain ou entre-soi permanent, sont dans un monde très éloigné de celui des Gilets jaunes. Beaucoup de rédactions sont concentrées à Paris et alimentent cette vision complètement différente du monde. Je suis pigiste, membre d’un collectif, et j’ai entendu des confrères et consœurs s’étonner sincèrement du simple fait que la voiture soit toujours indispensable dans plusieurs endroits en France par manque de transport en commun. Ces mêmes personnes, qui partagent ma profession, ont été également profondément surprises par le mouvement des Gilets jaunes et la dénonciation de leur réalité. Il y a donc un décalage évident entre certaines sphères de la société, et ces fractures vont continuer à se creuser si l’on n’agit pas. » Journaliste pigiste.

 

le milieu d’où l’on vient influence notre façon de voir les choses

« Ce qui influence notre façon de voir les choses et notre perception du monde, c’est le milieu d’où l’on vient et comment on se projette au monde. Partant de là, je ne pense pas avoir de soucis avec des Gilets jaunes. […] Donc ma relation n’est pas du tout conflictuelle avec eux. Surtout que, personnellement, j’ai de la sympathie pour ce mouvement car je trouve qu’on était nombreux à s’inquiéter des conséquences de ce repli des gens sur eux et sur leurs problèmes. Donc là, c’est plutôt réjouissant que le peuple se rebiffe et qu’il tienne tête. Face à un pouvoir qui les méprise totalement, je trouve ça très intéressant que ces gens « d’en bas » montrent qu’ils existent. » Journaliste, ex-La Marseillaise.

 

 L’aristocratie des journalistes…

« Il y a d’un côté « l’aristocratie des journalistes » comme Pujadas ou Pernaut, des journalistes qui font partis des classes supérieures. C’est plutôt du côté de cette aristocratie que le problème se pose, je pense.
 Et d’un autre côté les journalistes de terrain qui s’occupent du montage, mènent les enquêtes. Ils représentent au final la majorité de cette profession et sont pour la plupart de simples salariés, voire des pigistes, dans des situations souvent précaires. Mais il est vrai qu’un journaliste sait pour qui il travaille, à quelle ligne éditoriale il est soumis. Cela se fait plus par échelon finalement. Les journalistes, simples salariés, appartenant à la classe moyenne, travaillent et doivent respecter les directives des journalistes plus haut gradés qui eux appartiennent à une certaine élite. » Journaliste, Le Ravi.

 

Il y a un problème dans les rapports droite/gauche, dans les écoles de journalisme

« La presse en général n’a pas été complètement indigne, les journalistes même ne sont pas des gens qui posent un vrai problème de pluralisme en France. Après il y a un problème dans les rapports droite/gauche, dans les écoles de journalisme, il y a quand même une hégémonie culturelle qui est de gauche. » Journaliste, Figaro Vox.

 

Les journalistes élites ne voient pas les problèmes de la vie quotidienne

«  Dans un pays comme la Turquie, la classe bourgeoise change tout le temps et chaque gouvernement construit sa propre bourgeoise. Les élites des médias sont les médias mainstream, les médias centraux qui travaillent et sont censés travailler sans déranger les gouvernements. C’est vrai que les journalistes élites ne voient pas les problèmes de la vie quotidienne. La vie quotidienne est différente de celle que le gouvernement et l’Etat veulent montrer. » Journaliste , Deutsche Welle Türkçe (Allemagne).

 

S’ils ne font pas comme on leur dit, ils perdent leur boulot

Ça m’embête toujours d’aller « cracher » sur les autres chaînes, à cause des salariés, comme moi, qu’il y a derrière. Ce sont des gens qui ont fait les mêmes écoles que nous, et ils se trouvent qu’après, les conditions sociales font que s’ils ne font pas comme on leur dit, ils perdent leur boulot. Journaliste, Sud Ouest.

 

 

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